Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/365

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la déportation l’avait porté à reprendre les armes contrôles Français ; sa présence ne pouvait donc offusquer cet homme qui avait grandi.

En conséquence de cet état de choses, Pétion partit de la Petite-Rivière en décembre, ayant sous ses ordres la 13e, commandée par Geffrard, la 10e, commandée par Jean-Philippe Daut, et un bataillon de la 7e, commandé par Marinier. Les militaires de la 10e et leur colonel étaient tous des hommes du Mirebalais, où il fallait d’abord agir. Ce bourg était fortifié depuis l’occupation anglaise : deux forts le dominaient. En arrivant dans son voisinage, Pétion envoya le capitaine Francisque auprès de David-Troy, pour lui proposer de se réunir à lui, sous l’autorité de Dessalines. Aucun parlementaire ne pouvait être plus agréable à David-Troy, que Francisque ; mais à sa répugnance personnelle se joignait celle des indigènes, et l’opposition des Français qui étaient là : cette mission échoua. David-Troy répondit à Francisque, qu’il ne pouvait pas se soumettre à Dessalines, qui avait exécuté avec tant de zèle les ordres barbares de T. Louverture, à l’occasion de la guerre civile du Sud. Il ne comprenait pas la position de son pays ni l’avenir de sa race ; car, que faisaient les Français depuis leur arrivée ? Quel espoir pouvait-on avoir en eux ? Ensuite, il y avait injustice à tout reprocher à Dessalines, lorsqu’il était prouvé qu’il avait épargné bien des hommes qui fussent tombés victimes. Ces reproches démontraient une faible portée politique en David-Troy, et qu’il se laissait dominer par une aveugle rancune.

Au retour de Francisque, Pétion disposa l’attaque. Geffrard eut l’ordre d’enlever le fort David avec la 13e, Jean-Philippe Daut celui de la Crête avec la 10e, tandis