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Dans l’intervalle, Rochambeau était revenu au Cap, dès le 9 février. Les environs de la place étaient fortifiés convenablement pour la couvrir d’une attaque sérieuse. Néanmoins, les généraux indigènes l’avaient dirigée avec une telle intelligence, que nous avons lu un rapport où ce fait d’armes est qualifié d’attaque parfaitement combinée. Le fort Bélair qui domine le Cap, et la barrière Bouteille furent pris par eux. Mais la tactique européenne, jointe à la valeur des troupes et des généraux français, réussit à les chasser après un combat de plusieurs heures et des plus meurtriers : ils ne s’arrêtèrent qu’au Morne-Rouge ; en se retirant, ils incendièrent l’hôpital des Pères.

Romain reprit sa position au Limbe, et Christophe et Clervaux retournèrent aux Gonaïves. Parmi les prisonniers faits par les Français, il se trouva un officier nommé Monfort, du 1er régiment, qui, croyant sauver sa vie, eut la lâcheté de dénoncer une foule d’indigènes du Cap comme ayant formé le projet de se joindre aux autres dans l’attaque ; et quoiqu’ils eussent combattu avec courage et dévouement dans les rangs français, Rochambeau trouva dans cette dénonciation l’occasion de les faire pendre ou noyer : il n’épargna pas Monfort lui-même.

À l’est du Cap, Toussaint Brave avait été chassé par le général Pamphile de Lacroix, de Laxavon et d’Ouanaminthe, à la mi-janvier. Dans les premiers jours d’avril, il attaqua à son tour le Fort-Liberté où il pénétra, mais il fut repoussé par les généraux Quentin et Dumont.


Geffrard étant parvenu dans la plaine du Petit-Goave, sur l’habitation Cupérier, rallia à lui tous les indigènes qui avaient pris les armes dans les cantons du voisinage.