Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/387

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rent contre eux ; au camp Périn, dans le haut de la plaine des Caves, Guillaume Lafleur et Lafrédinière se prononcèrent aussi en y réunissant des cultivateurs. Lafrédinière était un de ces Français qui, comme Véret, ne connaissaient ni préjugés de couleurs ni antipathie de races : il avait été révolté des injustices de ses compatriotes. Reconnaissant tous en Férou, ancien chef de bataillon sous Rigaud, et alors commandant de la commune des Coteaux, l’homme qui pouvait les diriger dans l’insurrection à cause de son courage et de ses talens militaires, ils s’étaient abouchés avec lui, et ce mulâtre avait répondu à leur appel. À la fin de janvier ou dans les premiers jours de février, toute cette partie du Sud était insurgée. Férou, en prenant les armes contre les Français, renouvela ce qu’avait fait Pétion au Haut-du-Cap : il fit embarquer dans une chaloupe les blancs qui se trouvaient aux Coteaux, et les renvoya aux Cayes. Peu après, il rencontra dans la plaine un détachement de Français qu’il enveloppa et fit prisonniers : après les avoir désarmés, il les fit conduire avec leur commandant Damira jusqu’aux avant-postes des Cayes.

Noble exemple tracé vainement aux hommes qui se croyaient autorisés, par leurs ridicules préjugés de couleurs, à appeler brigand tout mulâtre ou noir qui prenait les armes pour résister à leur tyrannie !

Le colonel Berger n’avait pas attendu le retour de Laplume aux Cayes pour essayer de comprimer l’insurrection ; il s’était porté au camp Périn contre G. Lafleur et Lafrédinière, mais il avait dû rentrer précipitamment aux Cayes, en apprenant le soulèvement de Férou. Laplume vint bientôt se mettre à la tête des troupes et marcha contre les indigènes retranchés au Morne-Fendu et à Maraudhuc.