Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/388

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Un combat sanglant eut lieu dans ces deux endroits, où Néret et Berger furent, battus. Parmi les prisonniers qu’avait faits Férou, dans la troupe de Damira, se trouvait le mulâtre Élie Boury qu’il garda auprès de lui ; il crut pouvoir compter sur son dévouement à la cause de ses frères et lui confia même un commandement ; mais, peu avant le combat, Élie Boury, entraîné par la fatalité et conservant son inconcevable attachement à la France, abandonna Férou et fut rendre compte à Laplume et Berger de la position des indigènes. L’infâme Berger ne sut pas apprécier cette défection, ou plutôt ce retour à la cause de son pays : il fit noyer Élie Boury dans la rade des Cayes.

La victoire de Férou détermina le soulèvement général de toute la plaine des Cayes, où Bazile et Armand Berrault avaient déjà opéré dans ce sens. Mais Gilles Bénech et ses compagnons furent chassés de Tiburon le 16 février ; ils avaient eu le temps néanmoins d’en enlever toutes les munitions. Eux aussi reconnurent en Férou le chef de l’insurrection du Sud.

La nouvelle de ces heureux événemens étant parvenue à Geffrard, il vit que c’était le moment de pénétrer de nouveau dans ce département. Il en donna avis à Cangé qui vint le joindre dans les montagnes du Petit-Goave où il s’était retiré ; Cangé emmena quelques troupes avec lui et apporta des munitions dont Geffrard avait le plus pressant besoin. Ancien compagnon d’armes de Geffrard sous Rigaud, secrètement dévoué à l’autorité de Dessalines, Cangé l’assista généreusement en cette circonstance. Ils se mirent en marche sur Aquin où ils combattirent contre Néret, accouru dans ce bourg ; mais, le principal objet de Geffrard étant de se joindre à Férou, il n’insista