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Louverture, quand la guerre civile du Sud lui en eut fourni l’occasion. Rochambeau, le représentant de l’autorité de la France, ajouta à cette scène en disant aux femmes indigènes : « Vous avez assisté aux funérailles de vos époux et de vos frères ! »

Le cruel ! il tint parole : des arrestations, des exécutions à mort commencèrent dès le lendemain matin.

Lamarre venait d’expulser Delpech du Petit-Goave ; et en ce moment, Cangé tentait encore d’enlever Léogane après avoir pris le fort Ça-Ira.

Le capitaine-général ordonna une expédition de troupes contre chacun de ces points. Le 27 mars, la frégate la Poursuivante se présenta sur la rade de Léogane avec quelques centaines d’hommes qui reprirent le fort et dégagèrent la ville, en refoulant Cangé dans la plaine.

Le soin de la reprise du Petit-Goave fut confié au chefde brigade Neterwood. Il s’embarqua avec la majeure partie de la garde d’honneur qu’il commandait et d’autres troupes, sur le vaisseau le Duguay-Trouin, la frégate l’Union et plusieurs navires de transport. Des chiens du premier envoi fait par Noailles avaient été emmenés du Cap : une cinquantaine de ces animaux furent aussi de l’expédition.

Le 29 mars, la flotille fut aperçue des mornes du Tapion, se dirigeant vers la baie du Petit-Goave. Déjà, Lamarre avait fait transporter les munitions au fort Liberté situé sur la montagne, à peu de distance de la ville ; il incendia celle-ci et se retira au fort avec toute sa petite troupe, à laquelle se joignit courageusement le vieillard Brouard, rajeuni à la vue de la lutte qu’il fallait soutenir. Dans l’ancien régime, il avait servi dans la maréchaussée ou gendarmerie du temps ; c’était un habile tireur comme