Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/424

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tance dans ses Mémoires : « Dans une lettre écrite au curé des Cayes par Dessalines, dit-il, ce général avait eu la franchise de ne rien cacher de ses dispositions, qui, sans doute, n’étaient pas favorables aux blancs, et il ne tenait qu’à ceux-ci de prendre le parti de la fuite… »

En effet, le général en chef donna l’ordre à Geffrard et aux autres généraux de tout faire pour contraindre les Français à l’évacuation des villes des Cayes et de Jérémie, tandis qu’il allait agir ailleurs dans le même but.

Déjà, par ses ordres, la 3e demi-brigade était venue de Rocheblanche renforcer la troupe de Cangé dans la plaine de Léogane. Ce général avait marché contre la ville, et la garnison l’avait évacuée en bon ordre sous le commandement du chef de bataillon Dolosié, qui la fît embarquer sur la frégate la Poursuivante.

Léogane était au pouvoir de Cangé quand Dessalines y arriva. Il eut occasion de faire un acte de juste sévérité envers le colonel Mathieu Fourmi, qu’il fît arrêter et envoyer en détention à Marchand. Pendant qu’il était encore au Cul-de-Sac, ce colonel avait dénoncé à Lamour Dérance le chef d’escadron Pierre Louis, comme embaucheur en faveur de Dessalines, et Lamour était venu faire fusiller cet officier.

Les vaisseaux anglais bloquaient le Port-au-Prince. Dessalines envoya à bord du Theseus un homme de couleur de Léogane nommé Gourjon, qui parlait l’anglais, afin de proposer au commandant de lui acheter de la poudre et des armes. Gourjon en reçut qu’il paya immédiatement. À son retour, Dessalines, satisfait de cette mission remplie avec quelque danger, voulut donner le grade d’adjudant-général à Gourjon, qui déclina ce titre, pensant que chaque citoyen devait se dévouer au salut