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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/494

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morne Onfroy, là son cheval fut blessé sous lui, ce qui le porta à retraiter aux Irois, d’où il se rendit aux Abricots, pour se faire panser de sa blessure.

Darbois, ayant déjà reçu la lettre précitée de Laplume, le manda à Jérémie, en le faisant remplacer par un blanc nommé Mondret, qui avait servi sous les Anglais. Les colons des Abricots, qui n’avaient eu qu’à se louer de son administration, saisirent cette occasion pour lui adresser une lettre en date du 14 février, où ils lui exprimaient toute leur reconnaissance. Mais Darbois, après l’avoir gardé quelques semaines à Jérémie, lui donna l’ordre de partir pour le Port-au-Prince, avec des dépêches adressées au général Brunet. Il lui dit d’abord qu’il était urgent qu’il allât lui-même rendre compte des événemens qui venaient d’avoir lieu ; mais au moment de son départ, il lui avoua que son éloignement de la Grande-Anse était commandé par les circonstances politiques ; qu’il lui conservait toute son estime, quoiqu’il fut forcé de céder aux obsessions des colons de Jérémie.

Arrivé au Port-au-Prince dans les premiers jours de mars, Borgella se présenta chez Brunet à qui il remit les dépêches dont il était porteur. En ce moment ce général conversait avec Moreau, l’un des colons qu’il avait protégés le 5 février 1802 ; ayant pris lecture des dépêches, Brunet continua de causer avec Moreau. Sans doute, ce dernier lui parla de la conduite qu’avait tenue Borgella à cette époque ; car il dit à celui-ci : « Darbois s’est laissé influencer par les anglomanes de Jérémie : eh bien ! vous resterez à mon état-major. » À partir de cet instant, Brunet lui témoigna les plus grands égards.

Il n’y avait que justice rendue à Borgella, dans les procédés de Darbois et de Brunet ; car, si la phrase de sa