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sa lettre à Férou était compromettante à certains égards, elle ne constituait pas une preuve suffisante pour son arrestation. D’un autre côté, la vigueur qu’il avait montrée contre les indigènes, la blessure qu’il avait reçue, jointes à la protection qu’il accorda aux colons du Port-au-Prince, suffisaient pour combattre les présomptions soulevées contre lui. Toutefois, on peut dire qu’il fut heureux d’échapper, et à Darbois et à Brunet qui montrèrent si peu de scrupule envers d’autres indigènes.

Le 20 mars, Rochambeau arriva au Port-au-Prince. Quelques jours après, il envoya Brunet dans le Sud pour s’opposer à l’insurrection générale des indigènes et à la marche de Geffrard. Borgella fut de cette expédition, et obtint de Brunet la permission de passer aux Abricots où était sa femme, qu’il fit partir pour les Cayes. Rendu ensuite à Tiburon, d’où les indigènes avaient été chassés définitivement par de nouvelles forces envoyées de Jérémie, il reçut une lettre de Brunet, qui lui déféra le commandement de l’avant-garde de la colonne qui, sous les ordres du général polonais Spilhal et composée de soldats de cette nation, devait tenter d’arriver aux Cayes par terre.

La mort de Spithal, par la fièvre jaune, ayant fait passer le commandement de cette colonne à l’adjudant-général Sarqueleux venu des Cayes aux Coteaux, on arriva aux Karatas où se trouvaient Férou et les indigènes. Borgella reconnut l’avantage de cette forte position et conseilla à Sarqueleux de la faire contourner sur la gauche, par l’adjudant-général Bernard. Dans son excessive présomption, Sarqueleux osa lui dire : Avez-vous peur ? Un sourire dédaigneux fut sa première réponse ; il répondit ensuite à cette question insultante, en ordonnant en