Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çaise avançant toujours et détachant des bataillons sur la droite pour contourner le fort, Magny, qui y était accouru, ordonna de tirer sur elle ; le feu de l’artillerie, de la mousqueterie étendit morts une centaine d’hommes et en blessa le double : le général Pamphile de Lacroix fut du nombre des blessés. Le blockhaus canonna la colonne, et en même temps les forts du côté de la mer tirèrent sur les vaisseaux : ceux-ci les réduisirent bientôt au silence, tandis que les troupes françaises enlevaient le fort Léogane à la baïonnette, en pénétrant dans l’enceinte du Port-au-Prince. Il était nuit en ce moment.

Force fut à Lamartinière, Magny et Monpoint d’abandonner la ville, après avoir opposé une faible résistance au trésor, d’où ils enlevèrent quelques fonds. Ils se retirèrent à la Croix-des-Bouquets, en laissant des soldats qui furent faits prisonniers et dont la vie fut respectée. Le chef de brigade Sabès et l’officier de marine Gémont furent traînés, malgré eux, par les troupes coloniales : leurs jours furent aussi respectés. Il en fut de même des autres blancs qui avaient été détenus dans les casernes [1].

  1. M. Madiou affirme que tous ces hommes, déjà arrêtés, furent conduits dans la savanne Valembrun et à Saint-Martin, où ils furent impitoyablement massacrés. (T. 2, p. 148.) Mais P. de Lacroix dit, au contraire, que la majeure partie de la population blanche fut traînée dans les mornes avec les deux officiers, en ajoutant que plusieurs blancs, ayant refusé d’obéir aux révoltés et de les suivre, furent tués sur la place. (T. 2, p. 97 et 98.) Il dit bien, ensuite, que : à l’affreux signal des trois coups de canon, les blancs n’avaient pas été tous égorgés. » Mais, en faisant intervenir de nouveaux ordres de T. Louverture il avoue qu’ils furent réunis et conduits en otages dans l’intérieur des terres. Il ne peut donc être question que de faits postérieurs à la prise du Port-au-Prince.

    Eh bien ! nous avons lu, sur le Moniteur, un rapport de Leclerc au ministre de la marine, où il est dit que les blancs furent emmenés avec les troupes coloniales, et une lettre d’un colon du Port-au-Prince, en date du 24 pluviôse (13 février), qui ne mentionne aucun meurtre de blancs dans cette ville ; il y est dit que ces hommes furent amenés au Mirebalais et égorgés sur l’habita-