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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/69

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Et c’est encore une chose à remarquer, dans cette sorte de destinée qui échut aux anciennes provinces de Saint-Domingue. Nous avons déjà signalé la différence qui existait entre le caractère et les idées respectives de Sonthonax et de Polvérel, et l’influence qu’ils exercèrent sur la marche de la révolution, le premier dans le Nord, — le second dans l’Ouest et le Sud. On avait ensuite vu Laveaux, Perroud, Sonthonax, ce dernier revenu dans la colonie, continuer dans le Nord le système d’une administration despotique, exciter par leur exemple les chefs militaires au même système qui, d’ailleurs, était en rapport avec les idées régnantes dans cette province.

Eh bien ! l’armée française arrive dans la colonie, et le sort envoie encore dans le Nord ce Rocharnbeau, qui y avait servi sous Sonthonax, Leclerc et d’autres généraux, agissant immédiatement sous lui, qui croient, qui s’imaginent que le meilleur moyen de réussir est d’employer la rigueur, — tandis que la destinée de l’Ouest et du Sud y amène le général Boudet, d’un caractère et de sentimens tout opposés, et qui réussit complètement par des mesures de persuasion qui lui concilient les esprits.

Les deux bataillons de la 13e qui étaient à Bayia-Hunda, apprenant ces faits, vinrent aussi se réunir aux détachemens français qui ne tardèrent pas à occuper la Croix-des-Bouquets. Ce fut surtout Jean-Louis François qui les entraîna, Coco Herne ayant vainement essayé de résister au torrent.

Le général Agé et le colonel Dalban avaient fait leur soumission à leurs compatriotes, comme il était naturel de l’attendre de leur part : militaires, ils devaient reconnaître l’autorité de leur patrie.

Mais Lecun, préfet apostolique et curé du Port-au-