Prince, qui devait à T. Louverture d’avoir repris sa charge après le départ d’Hédouville, qui avait contribué à le perdre par ses basses flatteries ; qui aurait dû se ressouvenir que la fonction du prêtre est de se tenir en dehors des choses politiques, Lecun se transporta auprès du général Boudet, suivi de son clergé et de dévots et dévotes, pour le féliciter du succès de ses armes contre le monstre dont le despotisme opprimait la colonie : ainsi il parla de l’ex-gouverneur. Pouvait-on attendre autre chose de ce prêtre dont les mœurs déréglées occasionnèrent plus d’une fois le scandale le plus dégoûtant parmi ses ouailles ? Que de torts n’aurait pas faits à la religion catholique, la conduite d’une grande partie de ses prêtres, si les sentimens religieux des populations de ce pays avaient été moins sincères, moins fervens !
Une autre preuve de la loyauté et de la générosité du général Boudet est attestée par son chef d’état-major, Pamphile de Lacroix. Nous avons déjà cité le passage de son livre, concernant la découverte faite par eux, dans les papiers secrets de T. Louverture, au palais du Port-au-Prince, de ce qui avait rapport à ses relations amoureuses avec des femmes blanches surtout. Cet auteur dit à ce sujet :
« En acquérant la preuve irréfragable des écarts de la faiblesse humaine, le général Boudet se sentit inspiré d’un mouvement généreux. Avant d’avoir fait ici aucune connaissance, s’écria-t-il, perdons toute trace de ces honteux souvenirs, afin de ne pas mésestimer les personnes au milieu desquelles nous sommes destinés à vivre ; et en faisant de tristes réflexions, nous allâmes ensemble jeter au feu et à la mer tout ce qui pouvait rappeler notre pénible découverte. »