Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/78

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de T. Louverture, avant l’arrivée de la flotte, que sa proclamation du 18 décembre et le décousu qui en résulta, jetèrent de l’irrésolution dans leur esprit et empêchèrent des mesures de résistance de leur part. Dans une telle situation, apprenant la prise du Cap et du Port-au-Prince, la défection de la 13 me demi-brigade, et les bons procédés du général Boudet envers les troupes coloniales et tous les citoyens, il n’était guère possible que ces officiers ne suivissent pas le torrent de la défection, lorsque d’ailleurs la population entière du département du Sud désirait de secouer le joug de T. Louverture et de Dessalines.

Laplume s’empressa de donner ses ordres, d’inviter les autres commandans d’arrondissement à agir comme lui. Desravines, à Tiburon, — Mamzelle, à l’Anse-à-Veau, — Gilles Bambara, à Dalmarie, obéirent. Cependant, à Jérémie, Dommage voulut résister, incendier, mais sans massacrer les blancs : il avait reçu des ordres verbaux de Dessalines qui, de Saint-Marc, les lui avait transmis par deux officiers expédiés par mer. Ayant confié ses intentions au chef de bataillon Ferbos, de la 4 me demi-brigade, celui-ci en parla à l’adjudant-général Bernard qui commandait la place. Ce dernier était Européen ; aidé de Ferbos et de Désiré, autre chef d’un bataillon de la 12 me qui y était en garnison, il paralysa les efforts de Dommage. Jérémie reçut donc l’impulsion des Cayes et des autres villes et bourgs du Sud.

Dans ces entrefaites, le général Boudet avait envoyé un corps de 1400 hommes pour se rendre dans le Sud, sous les ordres de l’adjudant-général Darbois. Arrivé à Léogane, il y laissa un détachement qui marcha contre P.-L. Diane, au Cabaret-Carde ; ce colonel en fut chassé après une faible résistance. Vainement revint-il attaquer les