Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/79

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Français dans la plaine : il fut repoussé, et se retira dans les montagnes.

Darbois continua avec sa colonne et arriva aux Cayes : il en partit bientôt pour Jérémie, où de nouvelles troupes lui furent envoyées parle vaisseau le Duguay-Trouin. À son arrivée, il obtint la plus parfaite soumission des troupes et des habitans. Apprenant que Dommage avait voulu résister, il se disposait à le faire arrêter ; mais Ferbos et Désiré s’y opposèrent à cause de l’attachement qu’ils portaient à ce colonel ; ils furent secondés par la 4me et la 12me. Dommage était dévoué à T. Louverture, sous les ordres duquel il avait fait la guerre contre les Anglais : c’était un homme modéré. Les deux chefs de bataillon furent dès-lors signalés, ainsi que lui, aux violences qu’on se promettait d’exercer plus tard : aussi, ils périrent tous trois.

Pendant que ces faits s’accomplissaient dans le Sud, Dieudonné Jambon faisait sa soumission à Jacmel, en recevant des blancs de cette ville une somme de dix mille piastres. Cet infâme, qui avait commis des atrocités sur les hommes de couleur pendant la guerre civile, consentit à s’avilir ainsi ! On applaudit à une défection produite par la conviction des idées politiques ; mais on ne peut que mépriser celle qui se vend au poids de l’or. Plus tard, on verra Dieudonné Jambon retiré à Porto-Rico, y acheter une propriété rurale et des noirs devenus ses esclaves, qu’il maltraita comme faisaient les blancs des leurs.

Mimi Baude, ancien officier de la légion de l’Ouest, et le capitaine d’artillerie Langlade, deux hommes de couleur, avaient contribué à cette soumission de Dieudonné Jambon, en s’opposant à ce qu’il commît aucun assassinat sur les blancs de Jacmel. Ferrand, noir, commandant