T. Louverture, qui savait qu’il ne pouvait défendre les Gonaïves, quitta cette ville pour se rendre à Ennery, en ordonnant au général Vernet de l’incendier à l’approche des Français, pour se porter au Pont-de-l’Ester. Il fit occuper par Christophe la position de Bayonnet. Etant à Ennery avec sa garde d’honneur, à laquelle Magny s’était rallié, il apprit la soumission du Gros-Morne à Desfourneaux : ce qui facilitait à ce dernier sa marche sur les Gonaïves.
Bientôt après, Christophe se vit encore chassé de Bayonnet par le général Salm, de la division Hardy : il se retira dans la plaine des Gonaïves, après avoir montré une grande bravoure personnelle. Cette affaire eut lieu le 22 février.
Desfourneaux, marchant sur les Gonaïves, combattit au Poteau contre Vernet qu’il repoussa, et qui, rentrant dans cette ville, la livra aux flammes et se dirigea au Pont-de-l’Ester. Le général Leclerc se rendit aux Gonaïves, le 24 février, avec les divisions Desfourneaux et Hardy.
Ayant appris déjà que Rochambeau avançait pour passer par les montagnes, descendre par le canton de Lacroix, et lui couper en même temps toutes communications avec les Gonaïves et le Pont-de-l’Ester, T. Louverture avait pris la résolution de marcher contre lui. Il n’avait sous sa main que 400 grenadiers de sa garde, commandés par Magny, et 200 dragons sous les ordres de Monpoint, ayant laissé au général Vernet le reste de cette garde à pied et à cheval : un millier de cultivateurs complétait ses forces. Il rencontra Rochambeau dans la gorge appelée la Ravine-à-Couleuvre, qui débouche à Lacroix. Là eut lieu un combat acharné qui dura depuis six heures du matin jusqu’à