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midi, le 23 février[1]. T. Louverture donna des preuves multipliées d’une rare bravoure, en combattant comme un soldat au milieu de sa garde d’honneur. Guidée par son exemple et celui de Magny, qui ne montra pas moins de valeur, cette garde repoussa la division Rochambeau, et lui occasionna la perte de beaucoup de ses soldats : des prisonniers tombèrent au pouvoir de l’ex-gouverneur, et le champ de bataille lui resta, quoi qu’en dise P. de Lacroix[2].

La nouvelle lui étant parvenue de l’incendie et de l’évacuation des Gonaïves par Vernet, qui était déjà au Pont-de-l’Ester avec Madame Louverture et sa famille, T. Louverture s’y rendit dans l’intention de se porter à Saint-Marc pour occuper cette ville et la défendre. Mais il apprit qu’elle avait été également incendiée et évacuée par Dessalines, qui se trouvait en ce moment à la Petite-Rivière. Il se porta alors sur l’habitation Couriotte, dans la plaine de l’Artibonite, où il établit son quartier-général. Y laissant sa troupe, il alla à la Petite-Rivière et n’y rencontra pas Dessalines qui avait été aux Cahos. En attendant qu’il revînt d’après ses ordres, T. Louverture fit approvisionner de munitions le fort de la Crête-à-Pierrot et ordonna qu’on le garnît de canons, pour qu’il fut défendu par Des-

  1. Dans cette relation de faits, nous nous sommes tenu à celle consignée dans le Mémoire de T. Louverture adressé au Premier Consul, et dans ceux publiés par son fils. Nous n’avons pas trouvé dans ces documens la mention du combat de nuit que relate M. Madiou, dans son Histoire d’Haïti, t. 2, p. 189.
  2. P. de Lacroix a obéi, en cela, aux ordres de Leclerc, qui prescrivait de dissimuler les échecs et les pertes subis par l’armée française ; il a donné lui-même ce mot d’ordre en parlant des assauts donnés à la Crête-à-Pierrot. Un rapport de Leclerc, inséré sur le Moniteur, porte les forces de T. Louverture, à la Ravine-à-Couleuvre, à 1500 grenadiers de sa garde, 1200 autres soldats coloniaux, 400 dragons et 2400 cultivateurs, et dit qu’il perdit 800 morts dans ce combat, où, bien entendu, Rochambeau fut le vainqueur.