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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/93

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contre elles toutes ses forces et les replia vigoureusement dans la place, sans pouvoir toutefois l’emporter. » Telle est la justice rendue au courage, à la valeur et à la ténacité de ce général noir qu’on noya plus tard, sans doute pour l’en punir.

Apprenant sa résistance héroïque, le capitaine-général ordonna aux généraux Hardy et Desfourneaux de marcher par le Gros-Morne pour aider Debelle et Humbert. Déjà, le Môle s’était soumis à la simple apparition d’une frégate, et Lubin Golard, sorti des bois du Moustique, était venu décider la soumission de Jean-Rabel aux Français, dans l’espoir de se venger de Maurepas.

Informé de tous ces événemens, redoutant la haine énergique de Lubin Golard, sachant que Christophe n’avait pu tenir dans le Nord, et pensant enfin que T. Louverture était dans l’impossibilité de résister plus longtemps aux troupes qui avaient marché contre lui, Maurepas offrit de se ranger sous les ordres de Leclerc, aux conditions portées dans la proclamation qu’il avait publiée à son arrivée, et qui garantissait aux officiers de l’armée coloniale la conservation de leurs grades.

La soumission de ce général, qui jouissait déjà d’une haute réputation et qui venait d’y ajouter par sa glorieuse résistance, était trop importante dans la circonstance pour que Leclerc n’acceptât pas ses offres. Il lui fut répondu qu’on souscrivait à ce qu’il demandait, et ce brave se rendit avec ses troupes au Port-de-Paix auprès de Debelle. Il vint ensuite au Gros-Morne, où il trouva Leclerc qui lui fit un accueil distingué, en le maintenant au commandement de l’arrondissement du Port-de-Paix. Cette conduite du capitaine-général était habile, en même temps que la défection de Maurepas était d’un effet immense