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sur l’opinion des populations qui connaissaient son dévouement personnel à T. Louverture.

On a vu que l’ex-gouverneur s’était porté un instant à Saint-Marc, en apprenant qu’on y avait repoussé des vaisseaux français. Ce fait eut lieu le 13 février, alors que T. Louverture attendait aux Gonaïves la réponse à sa lettre adressée à Leclerc. Le général Boudet avait envoyé ces vaisseaux, pour opérer le débarquement de quelques troupes et prendre possession de Saint-Marc. Mais le colonel Gabart, commandant de cette place, avait communiqué sa résolution aux troupes qui étaient sous ses ordres ; et les vaisseaux, canonnés avec avantage, durent se retirer de la baie.

Boudet ayant ensuite reçu l’ordre du capitaine-général de se porter dans l’Artibonite, partit du Port-au-Prince le 22 février, sur des vaisseaux qui le débarquèrent au Mont-Rouis où était déjà parvenu le colonel Valabrègue, sorti de l’Arcahaie, après avoir combattu sur toute la route. Le 24, Boudet se mit en marche contre Saint-Marc.

Mais Dessalines s’était rendu dans cette ville, venant de la Petite-Rivière. Avisé de la marche de Boudet, le 24, il incendia Saint-Marc en mettant le feu lui-même à sa propre maison, aussi bien meublée que l’avait été celle de Christophe au Cap, quoique personnellement il eût moins de luxe que son collègue. En évacuant la ville après cela, et dirigeant la population sur la Petite-Rivière pour se rendre aux Cahos, il fit massacrer environ « deux cents blancs, de tout sexe, parmi lesquels se trouvaient quelques hommes de couleur, » suivant l’assertion de P. de Lacroix. S’il y eut réellement de ces derniers parmi les victimes de cette fureur atroce, ce fut sans doute parce qu’ils se montrèrent satisfaits de l’arrivée des Français.