Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/95

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Dans tous les cas, ni eux ni ces blancs ne méritaient ce sort malheureux ; mais comment Dessalines n’aurait-il pas commis ce crime, quand son chef l’avait ordonné et qu’il était enclin lui-même à tous les excès ? On verra encore la mention d’autres massacres.

Le même jour, le général Boudet prit possession de Saint-Marc. Il poussa ensuite des reconnaissances dans la plaine de l’Artibonite, sans y combattre. Dans la pensée que Dessalines s’était porté au Cul-de-Sac, pour attaquer le Port-au-Prince qu’il avait laissé avec peu de troupes, Boudet se disposa à y retourner, en engageant le capitaine général à s’y rendre aussi.

Une circonstance qui aurait nui à toute opération de Dessalines contre le Port-au-Prince, s’il y était allé, venait de se passer dans cette ville. C’était la soumission de Lamour Dérance et de Lafortune, qui dirigeaient les noirs du Bahoruco ou Doco et qui n’étaient pas sans influence sur ceux des montagnes du Port-au-Prince. Ayant appris que Rigaud et ses officiers étaient revenus avec l’armée française, ils vinrent avec leurs bandes jurer fidélité à la France, en reconnaissant l’autorité du général Pamphile de Lacroix, resté commandant de la ville après le départ du général Boudet pour Saint-Marc. Ils furent immédiatement utiles à la cause française.

Dans ce moment, le colonel P.-L. Diane, qui se tenait dans le haut de la plaine du Cul-de-Sac, conçut l’idée démarcher contre le Port-au-Prince avec une partie des soldats de la 8e qu’il commandait, dans l’espoir qu’il soulèverait facilement les cultivateurs de cette plaine, tandis que son chef de bataillon Larose, mécontent de sa témérité, quittait la plaine, passait par le Mirebalais pour se rendre à la Petite-Rivière auprès de Dessalines. P.-L.