la place, le feu des forts avait été dirigé contre elle : les boulets, les bombes, les obus, la mitraille en pleuvaient incessamment. Pour mieux atteindre les troupes de la division Gabart, placées sur les monticules au nord, Ferrand fît monter des pièces de gros calibre sur les terrasses des toits de l’ancien couvent des Franciscains ; car tous les édifices publics et privés de Santo-Domingo ont des terrasses à la romaine. La garnison fit plusieurs sorties dans lesquelles elle fut constamment foudroyée par l’infanterie haïtienne, et ramenée vigoureusement dans la place : chaque fois, elle perdait beaucoup de monde.
Malheureusement, le garde-côtes le Vengeur, sur lequel montait l’adjudant-général Papalier, chargé de conduire l’artillerie de siège, n’arriva que le 26. Le général français avait dû prévoir que les Haïtiens paraîtraient tôt ou tard sous les murs de Santo-Domingo ; et dans l’impossibilité de les empêcher d’y arriver, il n’avait laissé aucun canon à leur disposition. Même le fort Saint-Jérôme, qui est à deux-tiers de lieue de la ville, avait été désarmé de son artillerie dans cette prévoyance. Or, assiéger sans artillerie, une ville fortifiée comme l’est Santo-Domingo, c’était s’exposer à mettre un long temps pour l’enlever : il fallait de plus compter sur l’assistance indirecte des vaisseaux anglais, pour qu’elle ne fût pas ravitaillée du dehors. De son côté, l’officier qui les commandait envoya un parlementaire proposer à Ferrand une capitulation ; mais ce général le repoussa avec indignation.
Les correspondances étrangères dont il s’agit, reçues par l’empereur, étaient une communication faite par le même officier anglais, de l’avis qu’on avait eu de l’armement, en France, de plusieurs escadres dont la destination était inconnue. Le transfuge américain, venu sur