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agissaient sans sincérité à l’égard du général en chef, dont ils redoutaient l’humeur despotique et cruelle. Dans cet état de choses, la guerre civile devait ne pas tarder à éclater[1]. »

D’où il faudrait conclure que Pétion et Gérin, par manque de sincérité envers Christophe, furent les auteurs de cette guerre civile. Cependant, nous trouvons également écrit ce qui est vrai, — que Pétion s’opposa à la marche inconvenante que voulait faire Gérin, pour enlever les trésors de Marchand, en donnant ces motifs : « Il exposa que la guerre civile éclaterait, si les troupes de l’Artibonite s’opposaient au déplacement de cette somme ; que Christophe, proclamé chef de l’État, avait seul le droit de donner les ordres relatifs aux finances[2]. » C’est encore cette histoire qui nous dit que Pétion apaisa la mutinerie des 11me et 12me demi-brigades, en leur faisant comprendre qu’elles devaient une obéissance absolue à Christophe.

Si c’est ainsi qu’on méconnaît l’autorité d’un chef, qu’on agit sans sincérité à son égard, qu’on fait éclater la guerre civile, alors nous avouons que nous ne pouvons comprendre les faits historiques, ni les apprécier. Peut-être enfin, trouverons-nous d’autres faits qui nous expliqueront les vraies causes de la désastreuse guerre civile qui survint peu après. En attendant, parlons de la mission de Bonnet au Cap et de ce qui s’ensuivit.


En y arrivant, cet officier général fut bien accueilli par les autorités et la population de cette ville, parce que l’adhésion formelle qui venait d’avoir lieu, de la part de

  1. Ibid., p. 349.
  2. Ibid., p. 332.