Enfin, citoyen général, la constitution va paraître ; et je suis comme vous d’avis qu’elle ne sera point consacrée uniquement à favoriser les intrigans, ni à leur donner les moyens d’alimenter leurs passions. Le peuple, en abattant le tyran à la journée à jamais mémorable du 17 octobre, n’a pas fait la guerre pour tuer un homme, mais bien pour détruire la tyrannie et pour changer la forme d’un gouvernement qui ne pouvait lui convenir en rien, et établir sa souveraineté. C’est au moment que cet acte de sa volonté suprême devra recevoir son exécution, qu’on connaîtra les ambitieux et les intrigans. Pour moi, je suis prêt à déposer à ses pieds les pouvoirs que je reconnais ne tenir que de lui, et à soumettre ma volonté particulière à la volonté générale. C’est alors que le peuple distinguera ses vrais amis d’avec les ambitieux : malheur à ces derniers ! … S’il n’a pas craint d’abattre la tête de Dessalines, pourra-t-il trembler devant des intrigans et des ambitieux subalternes ?
Si Christophe fit preuve d’arrogance dans sa lettre, Pétion sut l’en relever par non bien digne langage dans les divers paragraphes de la sienne.
Dans mes les deux premiers, il se justifie pleinement d’avoir toléré la présence au Port-au-Prince du bataillon de la 20e par cette profonde observation de l’homme d’Etat relative aux conséquences naturelles de toute révolution, et d’avoir conseillé Dartiguenave de surseoir à sa mission, par la confiance même que Christophe semblait mettre en lui, en l’inviter à l’aider de ses lumières. Dans les 3e et 4e paragraphes ou il montre tant de modestie et de fierté en même temps, comme il se sent fort de cette voix publique à laquelle il fait allusion, de cette opinion générale avec laquelle il est en accord parfait ! Dans le dernier en-