Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/120

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tancié des mille combats qui s’y livrèrent, et où la valeur, de part et d’autre, distingua des frères luttant entre eux, les uns pour soutenir un gouvernement oppresseur, les autres pour fonder celui qui voulait la prépondérance des principes les plus salutaires au bien public, les plus dignes de l’homme dans l’état social.


On a vu que, par sa lettre du 31 août, Lamarre provoquait une campagne contre Saint-Marc, et par celle du 13 novembre, qu’il s’étonnait que l’armée, sortie du Port-au-Prince, ne fût encore que dans la plaine de l’Arcahaie. Ce n’est pas que Pétion ne sentît lui-même la nécessité d’attirer vers Saint-Marc une partie des forces du Nord, afin d’empêcher Christophe d’écraser l’armée expéditionnaire déjà si faible ; mais, après la conspiration de Yayou, nous l’avons dit, les esprits étaient loin d’offrir l’unanimité de vues qui constitue l’union entre les citoyens. Quelle que fût la conduite du général Magloire Àmbroise en cette circonstance, son intimité avec Yayou, qui résultait autant de la fraternité d’armes que de ses relations avec la sœur du défunt, donnait à penser à Pétion, qu’il s’était laissé séduire par lui. Le président avait d’autant plus raison, que Magloire avait pour chef d’état-major l’adjudant-général Borno Déléard, esprit remuant, plus ambitieux peut-être que Chervain avec qui il avait été fort lié, et que l’on a vu en scène, aux Cayes, avec Mentor et Boisrond Tonnerre, dans leur conciliabule nocturne de 1806 ; Borno Déléard qui, après la mort de Dessalines, s’était empressé de se rendre au Cap lorsque Christophe y manda les aides de camp de l’empereur. Le 23 septembre, Lamarre avait informé le président de l’envoi de quatre espions du Nord au Port-au-Prince, pour tâcher