Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/146

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au Président d’Haïti, pour qu’il ordonnât au secrétaire d’État de soumettre ses comptes au sénat, 48 heures après. Ce fonctionnaire ayant informé ce corps que des administrateurs de finances étaient encore en retard, un arrêté du 20 invita le Président d’Haïti, à les contraindre tous à se rendre au Port-au-Prince avec les pièces de leur comptabilité, sous peine d’être destitués de leurs fonctions et poursuivis comme prévaricateurs.

Le sénat avait raison d’être sévère envers les agents comptables, car ils abusaient du régime modéré établi depuis la République : le désordre financier qui l’avait précédé, les avait habitués a un relâchement dans l’accomplissement de leurs devoirs. On ne comprendrait pas que le sénat, ayant repris l’exercice de tous ses pouvoirs, ne se décida pas alors à révoquer César Thélémaque et à le remplacer par Bonnet, si les considérations que nous avons exposées n’avaient pas été appréciées parce corps où ce membre distingué était aussi nécessaire, pour achever les lois d’organisation générale. On le verra encore ajourner sa nomination, à la mort de C. Thélémaque, à cause de la position militaire de Bonnet. En cela, on doit, non blâmer Pétion qui ne devait pas entrer dans le détail des rapports entre le secrétaire d’État et les agents comptables, mais déplorer le manque de sujets capables pour suffire à toutes les exigences : il avait déjà assez à faire, en luttant avec les généraux qui entreprenaient de fomenter des factions contre l’État ; et, à moins d’adopter le système de rigueur établi par Christophe, il était forcé de subir l’inconvénient attaché à l’état des choses.

    qu’ils tenaient à ferme auparavant, pour se payer de leurs émolumens, il les obligeait à seconder son système de contrainte ; et par là, ces généraux se compromettaient et durent soutenir son pouvoir.