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au Petit-Goave : la prévoyance du président était telle, qu’elle n’avait aucun caractère de personnalité dont il pût s’offenser.


Quand, dans sa proclamation du 26 novembre, il faisait l’éloge de Lamarre et de son armée, c’est que des actions glorieuses s’étaient accomplies par leur courage. Le 15 octobre, ce général avait annoncé au président et au sénat, qu’avec 3 bataillons incomplets, il avait enlevé à l’ennemi, en deux jours, 18 postes bastingués sur une chaîne de montagnes : ce fut à la baïonnette que ces braves soldats remportèrent ces victoires. En même temps, Christophe arrivait au Port-de-Paix avec de nouvelles troupes : il mettait dans cette guerre une ténacité et une activité qu’on admirerait, si l’on ne savait pas tout ce qui en coûtait à l’humanité ; en lui, ces qualités militaires tenaient à son orgueil qui le portait à tout sacrifier pour rester vainqueur : du reste, il comprenait ce qu’il avait à redouter de la part de Lamarre.

Le 20 octobre, celui-ci donna de nouvelles informations sur sa situation. Ses postes étaient si rapprochés de ceux de l’ennemi, qu’on employa la mine contre eux. Trois de ces voies souterraines de destruction avaient réussi et tué bien des soldats républicains, lorsqu’on s’aperçut que l’ennemi continuait cette pratique. On employa la contre-mine avec succès, et la lutte eut lieu entre les combattans, sous le sol dont ils se disputaient l’empire pour faire prévaloir leurs idées et leurs principes politiques. La victoire resta aux républicains, comme le précurseur de leur triomphe final après bien d’autres années encore.

Néanmoins, une âme lâche conçut l’idée de tramer en