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au général Romain, par laquelle il l’informait de la retraite de l’armée devant Saint-Marc, depuis le 20 novembre. Il était évident que les troupes qui défendirent cette ville allaient bientôt accroître les forces dirigées contre lui : le seul parti qu’il eût à prendre, fut de se replier sur le Môle ; c’est ce qu’il fit. Là, le 10 décembre il écrivit des lettres au président et au sénat, que le sénateur Thimoté apporta au Port-au-Prince ; ce dernier était chargé de faire connaître de vive voix ce que Lamarre disait par écrit : qu’il avait été forcé à cette marche rétrograde ; ses soldats avaient besoin de tout, en renforts, habillement, équipement, vivres, munitions de guerre, etc. ; qu’il avait 700 blessés à l’hôpital ; et qu’il était présumable que l’armée du Nord allait marcher en entier contre le Môle. Néanmoins, Lamarre ne s’y renferma pas ; il établit un grand poste avancé au lieu appelé la Source-Ronde, à une lieue et demie de cette ville, sous les ordres de Delva. Le 16 décembre il confirma sa lettre du 10 ; le 18 il manifesta au président le désir qu’il avait de lui voir récompenser les services signalés et la bravoure de Delva et de Bauvoir, par le grade de général de brigade. Delva, à ce moment, combattait et repoussait l’ennemi. Lamarre ajoutait à sa demande en faveur de ses courageux compagnons, qu’il était malade, hors d’état de monter à cheval, et que l’armée pouvait le perdre à tout instant.

Le 27 décembre, une nouvelle lettre de lui annonçait de nouveaux combats soutenus par ses troupes restées vainqueurs. Delva s’y distingua, comme toujours, et la République eut le malheur de perdre le vaillant colonel Gabriel Reboul, commandant de la 14e. Lamarre exprimait ses craintes que les soldats de ce corps du Gros-