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que ce chef ennemi ne négligerait rien pour assiéger le Môle avec toutes les règles de l’art, s’il ne réussissait pas à enlever cette place de vive force.

En ce moment-là, la flotte de la République se composait de deux trois-mâts, la Furieuse et la Républicaine, du brig l’Alexandre, et des goëlettes le Derénoncourt, la Présidente, l’Indépendance et le Rebecca. Celle du Nord avait une véritable corvette, deux brigs et plusieurs goëlettes.

On conçoit que les dépenses, pour l’entretien de nos bâtimens et pour approvisionner le Môle en toutes choses, étaient considérables eu égard au peu de revenus de l’État ; et il fallait encore procurer à l’armée répartie dans les départemens, principalement au Port-au-Prince, son habillement, son équipement et sa solde. Pour subvenir à toutes ces dépenses, Bonnet provoqua diverses mesures législatives du Président d’Haïti, et en prit lui-même dans le cercle de ses attributions.

Ainsi, le 4 janvier, un arrêté du président établit un impôt du vingtième de la valeur locative des maisons dans les villes et bourgs ; le 31, un autre arrêté prorogea pour 1809 les lois précédentes sur les patentes ; d’autres arrêtés changèrent en patentes l’impôt mal assis sur les guildives, ordonnèrent une plantation spéciale de vivres sur chaque habitation, pour en pouvoir expédier au Môle et fournir à l’alimentation de l’armée en général[1], fixèrent le droit de tonnage, etc., sur les navires étrangers, ordonnèrent qu’ils seraient tenus à

  1. L’embargo mis par les États-Unis sur leur commerce, privait nos ports des comestibles qu’ils nous fournissent habituellement ; il fallait y suppléer par les vivres du pays : la farine, les salaisons, etc., étaient d’une cherté excessive, et la République avait peu de revenus. Le mérite de Bonnet n’en ressort que plus.