Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/290

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leurs devoirs : il en était de même des généraux Wagnac, aux Cayes ; Vaval, à Aquin, et Bruny Leblanc, à l’Anse-à Veau : tous les officiers supérieurs sous leurs ordres suivaient leur exemple. Le président put donc compter sur la tranquillité du Sud, en cas que le général Gérin voulut tramer. Malheureusement pour lui-même, ce général ne tint aucun compte de la situation des choses et des sentimens des hommes, ainsi qu’on le verra.

Si la présence de Lys à Jérémie fut d’une haute portée politique, celle de Francisque au Port-au-Prince produisit un changement remarquable dans la police de cette ville, surtout parmi les troupes : la discipline s’en ressentit, au grand avantage de l’armée et des citoyens. Lys, il faut le dire, aimait beaucoup les plaisirs, dans une ville où la société d’autres hommes instruits comme lui, alimentait ces dispositions de son caractère bienveillant : d’un cœur excellent, d’une bonté indulgente, il ne mettait pas dans l’exercice de son autorité assez de fermeté et d’activité. Francisque fit tout le contraire, quoiqu’il fût lui-même un digne et bon citoyen : il exigea l’observance du devoir militaire de la part des colonels et officiers des corps de troupes, pour réfréner leurs soldats ; il fit observer la loi sur la police des villes par les magistrats préposés pour son exécution : en peu de temps, veillant à tout, incessamment à cheval, il fit cesser les désordres, les vols qui étaient si communs au Port-au-Prince. Il inspirait à tous, cette sorte de crainte compatible avec une autorité qui veut le respect des personnes, des propriétés et des choses.

Le président s’opposa-t-il à ce que Francisque agît ainsi ? Non. Il lui laissa la même latitude dans son service, qu’au secrétaire d’État dans le sien : c’est donc