Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/289

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des gardes nationaux fut telle, qu’il fit passer le reste de l’armée par les montagnes pour se rendre à l’Arcahaie, d’où elle revint au Port-au-Prince : ce qui fournit au général Gérin une nouvelle occasion de déclamer contre la mollesse du Président d’Haïti. À peine de retour dans cette ville, il en partit pour l’Anse-à-Veau, mécontent plus que jamais : on put prévoir que cette fois, il n’allait pas se borner à des plaintes et qu’il tenterait quelque chose contre la tranquillité publique.

Le moment était arrivé où le président devait satisfaire à la juste ambition de quelques officiers supérieurs de l’armée, en récompensant d’ailleurs leurs services. Le 28 juillet, il promut au grade de général de brigade, les adjudans-généraux Marion et Delva, et les colonels Bruny Leblanc, Lys, B. Trichet, Gédéon, Vancol, Boyer et Frédéric. Boyer continua à commander sa garde, Marion l’arrondissement de Jacmel, Bruny Leblanc celui de Nippes ou de l’Anse-à-Veau, et Lys celui du Port-au-Prince : les autres généraux firent partie de l’état-major général. Le chef de bataillon Henry devint le colonel de la 18e.

Il paraît que les dispositions où se trouvait Gérin, firent juger prudent d’opérer une mutation entre les généraux Lys et Francisque : le premier reçut ordre d’aller prendre le commandement de l’arrondissement de la Grande-Anse, et le second vint le remplacer au Port-au-Prince. Par cette simple mutation, Pétion s’assura du maintien de son autorité dans le Sud. En retournant à Jérémie, Bergerac Trichet, quoique dévoué à Gérin, ne pouvait y exercer plus d’influence que Lys, secondé par Borgella avec la 15e, et Henry avec la 18e. Dans l’arrondissement de Tiburon, Nicolas Régnier et Bigot étaient attachés à