Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/323

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rations politiques. On ne peut dire exactement quelles elles furent, mais on peut conjecturer à ce sujet.

Par tout ce qui a été rapporté jusqu’ici, des relations entre le sénat et Pétion, on a pu reconnaître que Bonnet avait été en quelque sorte l’âme de ce corps, par ses aptitudes diverses : il était le centre autour duquel gravitaient Lys, Daumec, David-Troy, les plus influens après lui. Il avait été opposé à la proposition de vente des habitations par le président, et il y avait fait substituer le système établi par la loi de 1807 sur la police des campagnes, tombée en désuétude parle régime du métayage, de moitié, mis en vigueur par l’exemple tracé par le président. Tout récemment, il venait encore de s’opposer à la distribution des concessions de terre aux militaires invalides ; et Pétion y attachait une grande importance, par le résultat politique qu’elle devait produire.

Ensuite, le sénat, quoique ajourné depuis décembre 1808, avait le droit de reprendre ses séances et son pouvoir constitutionnel ; et Bonnet restait toujours influent sur ceux de ses membres qui étaient secrètement mécontens de cette situation, avec d’autant plus de raison, qu’en qualité de secrétaire d’État, ayant les attributions déterminées par la loi du 25 novembre 1808, il était le second personnage de la République, et qu’en sa qualité de général de division, il était l’égal du général Pétion. Le Président d’Haïti n’avait été élu que pour quatre années ; en 1811, ses fonctions allaient cesser. L’arrivée de Rigaud n’était propre qu’à réveiller le mécontentement des sénateurs opposans, à leur inspirer le désir et l’espoir de remplacer Pétion par lui ; et Bonnet, maintenu secrétaire d’Etat, pouvait jouer un grand rôle dans cette circonstance ; car, s’il s’attacha à Pétion, dès les der-