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reconnaître celle des assiégeans ; car, s’ils furent d’un parti politique contraire au nôtre, s’ils combattirent pour l’établissement du despotisme, de la tyrannie sanguinaire de Henry Christophe, ils étaient nos frères, des frères égarés par leurs idées ou contraints par la force d’un pouvoir arbitraire : ils le prouvèrent ensuite, quand ils se rallièrent volontairement sous les étendards de la République.

À Christophe lui-même, nous avons déjà rendu justice pour l’énergie qu’il montra dans le but qu’il voulait atteindre. Les généraux qui dirigèrent le siège du Môle, Romain, Magny, Guerrier, et d’autres officiers supérieurs employés sous leurs ordres, avaient assez prouvé leur courage sur d’autres champs de bataille, pour que l’on ne doute pas de celui qui les animait pendant ce laps de près de deux années, dans toute la guerre de la péninsule du Nord. Leurs soldats montrèrent moins souvent que les soldats républicains, cet entrain, cet élan qui distinguaient ces derniers, probablement parce qu’ils ne jouissaient pas réellement de la même liberté, parce qu’ils n’avaient pas la même conviction, que leurs travaux guerriers fussent dans l’intérêt de la patrie commune.

Plusieurs traits sont à notre connaissance, de la bravoure d’Etienne Bottex, colonel aide de camp de Christophe. Dans une circonstance, il lisait une lettre avec Saintion Leconte, lorsqu’un boulet enleva la tête de ce dernier, sans l’émouvoir autrement que par le sentiment pénible de la mort d’un ami. Le 11 septembre, jour où périt Éveillard, on le vit passer près des troupes républicaines, au trot de son cheval, malgré tout le feu dirigé contre lui, pour aller porter un ordre au Quartier-Neuf. On assure qu’à la prise du Morne-à-Cabrits par Lamarre,