Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/389

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la République, qui était déjà fractionnée par la rébellion de Christophe, pour se gouverner et s’administrer comme ils le jugeraient convenable, il consentait à leur laisser cette faculté, à ce que Rigaud fût leur général en chef, et qu’il se contenterait de gouverner et administrer l’Ouest. « Evitons la guerre entre nous, général, ajouta-t-il ; car ce serait favoriser les armes de Christophe. Le peuple haïtien est déjà assez malheureux, par celle que son ambition a allumée, pour ne pas nous livrer de nouveau aux désastreuses conséquences des dissensions intestines. Voyez comme Christophe se prépare déjà à profiter de nos divisions : à peine je suis parti du Port-au-Prince, qu’il y a envoyé une députation dont la mission apparente est de nous sommer de nous soumettre à son autorité, mais dont le but réel est de s’assurer s’il peut marcher contre nous. Je vais y retourner pour lui faire face, s’il veut nous attaquer : l’Ouest saura lui résister[1]. »

Il se retira avec ses officiers, en donnant l’ordre de faire retourner les troupes au Port-au-Prince. Des postes furent cependant établis sur les limites de l’Ouest et du Sud, afin de surveiller les communications entre ces départemens.

Rigaud retourna aussi aux Cayes avec son armée, en faisant également placer des postes sur les limites.

On conçoit que les communications devinrent difficiles entre le Sud et l’Ouest.

Une députation de trois citoyens du Nord et de l’Artibonite était effectivement arrivée au Port-au-Prince, après le départ de Pétion[2]. Elle avait été reçue par le général

  1. Si ce ne furent pas les propres paroles de Pétion, c’en est du moins le sens.
  2. Ces députés étaient Bertrand Lemoine, Haubert et L. Dessalines, qui avaient été mem-