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Boyer, que le président y avait laissé pour surveiller la ville et son arrondissement, et ce général s’était empressé d’acheminer les dépêches qu’elle lui avait remises, en l’invitant à se retirer de suite à Saint-Marc d’où elle était venue par mer. Dans le même temps, la flotte du Nord croisait devant Jérémie et les parages voisins : ce que Rigaud n’ignorait pas.

Ces deux faits suffisaient pour tempérer la fougue du général en chef du Sud ; ils arrivaient à point, pour démontrer son inconséquence aux yeux des vrais patriotes de ce département, qui n’avait pu résister seul à Toussaint Louverture, malgré l’héroïsme de ses défenseurs. Car, en le séparant de l’Ouest et s’instituant commandant en chef, indépendant de l’autorité du Président d’Haïti, il eût été impossible de réunir les forces des deux départemens pour combattre Christophe, comme Rigaud le prétendait dans son système ; l’unité d’action eût manqué aux opérations militaires, surtout lorsqu’on reprochait à Pétion de ne pas savoir conduire la guerre, de ne pas maintenir assez la discipline des troupes, et que Rigaud se croyait meilleur général que lui. Dans le cas où l’Ouest, privé des forces du Sud, eût été vaincu, le même sort serait arrivé à ce dernier département. Il ne fallait pas une intelligence supérieure pour comprendre cette situation : aussi peut-on dire que le travail de la réconciliation commença dès la scission opérée, dans les esprits judicieux, dans les cœurs dévoués au bonheur du pays.

Ce dut être l’espoir de Pétion : sa modération en cette circonstance, son désintéressement marqué au coin d’un patriotisme si élevé, étaient assez éclatans pour être re-

    bres de la constituante de 1806, et signataires de la protestation contre cette assemblée et la constitution.