Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/391

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marqués dans tout le Sud. il était impossible que le calme, succédant à l’agitation factice provoquée par une ambition surannée, ne vînt pas dessiller les yeux, en leur faisant voir que le Président d’Haïti n’avait rien épargné pour procurer la sécurité au Sud, lorsqu’il mit ce département tout entier sous les ordres de Rigaud, afin qu’il tentât de pacifier l’insurrection de la Grande-Anse. Tous les motifs argués en faveur de la séparation devaient inévitablement être jugés, lorsque Rigaud se mettrait à l’œuvre d’organisation qu’il projetait.

Retiré dans le Sud, il la commença immédiatement par l’armée, en donnant aux demi-brigades de nouveaux numéros, depuis un jusqu’à six, comme dans les temps passés : revenu dans la colonie, il ne pouvait pas avoir d’autres idées que celles qu’il eut à cette époque antérieure. Il imposa à ces troupes une discipline et une subordination qu’il prétendit supérieures à celles qui existaient dans les troupes de l’Ouest, et ce fut par l’armée du Sud que la scission se termina. Quant à l’administration politique des arrondissemens et à l’administration financière, il ne put que continuer celles qu’il avait trouvées établies et qui étaient la suite des traditions antérieures. Il prétendait que la corruption, l’ambition et la cupidité étaient la base des systèmes fondés avant son retour, et que Pétion n’avait pas pu ou n’avait pas voulu les réprimer ; et relativement aux finances, il arriva cependant un moment où il fallut liquider la dette départementale du Sud à près de 300,000 gourdes.

Nous donnons ces aperçus d’avance, afin que l’on juge de la validité des motifs argués en faveur de la scission du Sud, et de la moralité de ce fait qui pouvait mettre la République en péril, sans la sagesse de Pétion qui con-