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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/41

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à l’école, l’entretenir aux frais de l’État pendant trois ans, et après cela le mettre en apprentissage d’un art mécanique à son choix ; et si c’était une fille, lui donner un état convenable à son sexe.

En théorie, ces dispositions étaient louables, excellentes ; mais il restait à savoir si l’on pourrait facilement les exécuter, au moment où le pays était livré à une guerre civile qui préoccupait le gouvernement, alors que les ambitions individuelles faisaient prévoir des conspirations qui ne tardèrent pas à éclater dans le sein de la République. En outre, la classe des cultivateurs, comme toujours, ne visait qu’à une chose : se soustraire à la dépendance des propriétaires ou fermiers ; car ils voulaient jouir enfin de leur liberté naturelle. Que leur importait l’instruction de leurs enfans dans les écoles, à eux qui ne savaient ni lire ni écrire ? Leur indépendance personnelle et la jouissance matérielle qui en résulte, étaient ce qu’ils désiraient le plus.

Par sa proposition au sénat, Pétion voulait évidemment laisser aux nouveaux propriétaires qu’il désirait créer dans la République, le soin de concilier leurs intérêts avec ceux des hommes dont ils auraient eu besoin pour l’exploitation de leurs biens, persuadé que l’intérêt personnel est plus ingénieux que le législateur, à trouver les moyens de se satisfaire. Il voulait en finir avec le système colonial et avec tous les règlemens de culture publiés successivement par tous les gouvernemens, depuis 1793, et qui se rattachaient plus ou moins à ce système. La coercition étant contraire à son goût pour la liberté en toutes choses, il ne croyait pas d’ailleurs qu’il était convenable de faire paraître le gouvernement républicain, armé de la force publique, comme les précédons, pour contrain-