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le remplit, et le chef lui-même finit par être l’objet de reproches amers, souvent à tort, mais cela est ainsi.

Nous concluons, en attribuant à toutes ces considérations le projet conçu par le général Delva. On doit le regretter, parce qu’il priva son pays d’un brave défenseur de sa cause. Son erreur, sa faute, comme celles de ses devanciers, favorisèrent la fortune politique de Boyer, qui cumula le commandement supérieur de la garde et celui de l’arrondissement du Port-au-Prince. La promotion de Boyer et sa nomination à ce dernier poste, furent peut-être des actes par lesquels Pélion voulut répondre aux reproches qu’on lui faisait à son égard, et comme pour relever le défi qu’ils exprimaient.

Au moment même où la conspiration avortée du général Delva laissait le pouvoir du gouvernement affermi, Pétion se résolut à le consolider encore plus, par un acte de bienfaisance nationale auquel il avait songé en 1807, mais qui avait plus d’importance dans l’actualité. Il s’agissait alors de vendre une habitation aux officiers de tous grades ; à la fin de 1809, il avait usé de sa dictature pour récompenser les services militaires d’anciens défenseurs de la patrie, en non-activité ou invalides par blessures : en 1811, c’était à l’intérêt des officiers généraux qu’il s’adressait, afin de les maintenir dans leur attachement au gouvernement libéral qui ne visait qu’à leur bonheur, qu’à celui de leurs familles et de tous les citoyens. Dans cette pensée, ce grand politique adressa au sénat le message suivant, en date du 27 août, la veille de son ordre du jour cité ci-dessus :

Citoyens sénateurs,

Depuis longtemps le gouvernement a pensé qu’il était juste de