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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/509

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L’ennemi nous chargea avec fureur… Je parvins à me retirer sur Drouillard, afin d’y rallier les troupes… Je m’avançai de nouveau jusqu’à la Grande-Rivière pour faciliter le ralliement des soldats ; j’y fus encore assailli par l’ennemi, et enfin, je suis rentré en ville. J’ai de suite pris toutes mes dispositions, assisté par les généraux Bazelais et Gédéon, pour la garantir d’un coup de main, en attendant votre arrivée. »

D’après cette lettre, il paraît que Pétion avait été informé ou qu’il avait présumé, que la plus grande force de l’ennemi déboucherait cette fois dans la plaine, par la route du Mirebalais. La nouvelle étant parvenue, le 22 mars, de l’arrivée de troupes nombreuses dans ce bourg, il est à présumer aussi que, si le président avait été présent au Port-au-Prince, il se fût placé à Santo avec la majeure partie de ses forces pour les attendre. Le général Boyer ne lui a pas dit, dans sa lettre, quel était le nombre de combattans qu’il avait là sous ses ordres ; mais ou s’est accordé, alors, à porter ce nombre à environ 1200 hommes d’infanterie et 200 hommes de cavalerie. En supposant même 2000 hommes, c’était une grande audace de sa part, que d’attaquer les 9 régimens ennemis avec si peu de troupes ; mais il eut raison de le faire, par les motifs qu’il a déduits : son judicieux jugement maintint le moral de nos soldats, quoique, en définitive, il ait perdu la bataille ; ils restèrent convaincus qu’à nombre égal, ils pourraient encore repousser l’ennemi.

Enfin, Boyer sauva le Port-au-Prince, à raison des instructions données par Christophe à Magny ; car, s’il ne l’eût pas attaqué, ce général eût poursuivi sa marche et y fût entré.