Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/510

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L’ennemi s’attendait si peu à rencontrer de la résistance à Santo, qu’il crut que les coups de canon de l’artillerie légère partaient d’une fortification élevée là[1]. Au second coup, le brave chef d’escadron Gentil Cantabre et une partie des meilleurs chasseurs à cheval, reçurent toute la mitraille de cette pièce : Cantabre eut la cuisse cassée et mourut deux ou trois jours après, au Port-au-Prince. Ce déplorable effet de l’inattention de l’officier d’artillerie, ou de trop de précipitation de la part des cavaliers, empêcha de charger l’ennemi avec plus de succès. Les bombardiers, les 3e et 10e eurent un élan auquel il ne put résister.

Mais le général Magny parvint à rétablir le combat, en faisant déployer ses aîles pour envelopper cette poignée de braves qui lui étaient opposés ; c’est alors que ces trois corps replièrent, et que les grenadiers à pied de la garde durent donner contre l’ennemi pour protéger leur retraite. À ce moment, la cavalerie du Nord étant encore éloignée, Magny fît réunir ses guides à ceux des généraux sous ses ordres, et il ordonna de les lancer contre la garde, en même temps que l’infanterie faisait un feu roulant contre elle. Ce corps résista pendant un instant à tout ce choc ; mais se voyant sur le point d’être enveloppé, il dut faire retraite : les cavaliers le chargèrent avec succès. Le général Boyer, à pied, courut le plus grand danger : son aide de camp Souffrant dut presque le mettre sur son cheval pour le sauver[2]. La garde seule perdit près de 150 hommes dans ce combat,

  1. C’est ce qui occasionna la mort de l’espion Bosquette. Il avait assuré qu’en y passant, on ne trouverait ni troupes ni canon : or, le fait prouvait qu’il était encore un imposteur ; il périt comme tel. Voilà bien une punition de la véritable Sainte Vierge.
  2. Souffrant, le même qui était aide de camp de Bonnet, qui tua J.-L. Longueval devant Saint-Marc : l’un des plus braves officiers d’Haïti.