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emparaient, au détriment de leurs soldats : ce qui ne plaisait guère à ceux-ci. On apprit ces particularités par de nouveaux transfuges.

Au fort Lamarre, le même langage était journellement tenu aux militaires de la batterie qui était à sa proximité. Là, le général Gédéon, les chefs de bataillon Nazère et Victor Poil, se distinguaient parmi les autres officiers, embaucheurs comme les soldats. Ils avaient heureusement à parler aux hommes du 3e régiment, formé à l’Arcahaie et de gens de l’Artibonite ; ils se connaissaient, pour avoir été du même corps. Le 7e régiment se trouvait aussi dans la batterie ennemie ; c’étaient encore d’anciens camarades d’armes, et des hommes de Saint-Marc et de l’Artibonite. Ces deux corps de troupes avaient été sous les ordres du général Pétion, pendant la guerre de l’indépendance, et beaucoup d’officiers et de soldats de cette époque, étaient encore dans leurs rangs. Marc Servant, homme de couleur, colonel du 7e, était l’un de ces anciens officiers, et fort aimé dans son corps, qu’il commandait avec modération.

Pendant que les républicains embauchaient ses troupes, Christophe était à Saint-Marc où il s’était rendu, pour voir la reine et toute sa cour qu’il y avait fait venir : les délices de la royauté sont si enivrantes !

Le général Magny avait le commandement de la ligne qui s’étendait du rivage de la mer au fort National ; son quartier-général était à Robert, où la première batterie avait été élevée contre le fort Lamarre.

Quand le colonel Marc Servant eut reconnu que l’esprit des militaires de son corps avait été suffisamment préparé par les doctrines républicaines, il se hasarda à faire des réflexions à ce sujet ; et il trouva officiers et