Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/563

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avait pris de l’accroissement, par suite de la conspiration de Gérin.

En ce moment même, la place du Môle allait succomber sous le rude siège qu’elle supportait, et par la mort héroïque de Lamarre. Ce nouvel événement ne tarda pas, en effet, à arriver ; il donna un nouvel essor aux idées d’opposition contre le pouvoir du Président d’Haïti, rendu responsable de ce malheur.

Ce fut l’instant choisi par l’ambition rajeunie de Rigaud, qui le guettait pour ourdir la trame conçue par Blanchet, entièrement, maître de son esprit. Il profita de sa position militaire et politique pour organiser une scission entre le Sud et l’Ouest : elle s’opéra, en dépit du bon sens et de toutes les considérations qui militaient en faveur d’une plus forte union, s’il se pouvait, entre ces deux départemens, afin de résister au colosse du Nord dégagé de toute entrave par la chute du Môle.

Un si grave événement exigeait toute la prudence et la modération de Pétion, pour éviter une collision par les armes avec le Sud et conjurer l’orage du côté du Nord. Il se montra tel qu’on pouvait l’attendre de son patriotisme éclairé, en souscrivant à la séparation et espérant tout du temps qui sait amener des réflexions raisonnables. Et quoique des actes furibonds, inspirés par Blanchet, excitassent sa colère, réélu de nouveau à la première magistrature de la République, il ne se départit pas de sa ligne de conduite.

Pendant cette déplorable scission, Christophe consolidait son autorité et se déclarait Roi, en organisant une monarchie et une noblesse dans le Nord et l’Artibonite.

La mort naturelle de Rigaud survenant alors, son pouvoir passa aux mains du général Borgella qui, com-