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institutions et des deux chefs qui influaient sur Haïti, divisée en deux États.

Le 1er mars, une loi fixa les émolumens accordés aux officiers de tous grades et la solde de l’armée du Nord. Le lieutenant-général jouissait de 35, 000 livres (monnaie du pays), équivalant à environ 4240 piastres par an ; le maréchal de camp, de 25, 000 livres ou environ 3, 000 piastres. Mais, évaluant ces sommes aux revenus que devaient produire, pour le premier, 2 sucreries, 2 caféféières et 1 cotonnerie ; — pour le second, 1 sucrerie, 1 caféière et 1 cotonnerie, ce nombre d’habitations fut accordé à chacun des lieutenans-généraux et des maréchaux de camp, en jouissance, afin qu’ils se payassent par leurs produits. Ils devaient les prendre, principalement parmi les biens domaniaux dont ils étaient fermiers auparavant. Mais la loi disposa qu’en cas de décès, démission ou destitution de ces officiers supérieurs, lesdits biens retourneraient au domaine public.

Au fait, c’était le même résultat dans la République, les officiers supérieurs y payant peu ou point du tout le fermage à l’administration, et les biens faisant également retour au domaine dans les mêmes circonstances. Seulement, on peut croire que les généraux du Nord retiraient plus de revenus de leurs habitations que ceux de la République, à cause des mesures de contrainte dont on usait envers les cultivateurs dans cette partie du pays[1].

Quant aux autres officiers de tous grades et aux soldats,

  1. En leur abandonnant ces revenus pour leur solde, c’était leur dire de forcer les cultivateurs à produire : de là, en effet, le maintien de la grande culture sous Christophe, mais au détriment de la liberté des véritables producteurs.

    Par la loi du 26 avril 1808, les généraux de division de la République reçurent 3000 piastres pour leurs émolumens, les généraux de brigade 2460, etc.