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leur solde fut taxée pour être payée en argent, quand le trésor public le pourrait : ce qui était encore semblable dans la République. Au reste, aucun pays au monde n’a jamais plus obtenu de son armée qu’Haïti, en abnégation, en services et en dévouement : ce fut toujours là l’un des mérites de ses braves militaires.

Le 15 mars, le conseil d’Etat rendit une autre loi sur l’administration des finances. À part les termes différens, dans quelques charges de cette administration, c’étaient encore les mêmes règles de comptabilité, les mêmes attributions, les mêmes devoirs que dans la République. Il y était question de l’affermage et de la vente des habitations, maisons, guildives et autres biens du domaine, parce qu’on avait alors l’intention de vendre ces biens en partie. En effet, une loi fut rendue le 31 du même mois à ce sujet ; mais elle ne fut pas exécutée, et un rapport du grand conseil d’Etat, en date du 27 mars 1817, constate cette inexécution en ces termes : « Lorsque V. M. prit les rênes du gouvernement, elle en sentit l’importance (de la vente), et vint au-devant des vœux de la nation ; la loi du 31 mars 1807 fut rendue à cet effet, mais des circonstances majeures en empêchèrent l’exécution. »

Quelles furent ces circonstances ? Nous ne saurions les préciser ; mais n’importe le motif de cette suspension, il est toujours d’un haut intérêt historique de savoir, que Christophe et Pétion eurent tous deux la même pensée en même temps, le 31 mars et le 7 avril 1807, avec cette différence essentielle : — que Christophe avait seul l’initiative des lois près de son conseil d’Etat, que sa volonté personnelle était la suprême loi, qu’il proposa la mesure de la vente des biens du domaine, qu’elle fut décrétée et qu’il la suspendit de lui-même ; — tandis que Pétion la