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conçut dans la République, qu’il la proposa au sénat, pouvoir politique indépendant, qui ne l’accueillit pas, et qu’il fut forcé d’attendre des circonstances plus favorables à ses vues.

Christophe hésita de mettre à exécution une mesure propre à consolider l’ordre social et même son autorité, parce qu’il s’aveuglait sur l’étendue et la force du pouvoir absolu. Pétion ne put alors faire admettre sa pensée, par les hommes dont il voulait accroître l’indépendance personnelle, augmenter le bonheur privé, celui de leurs familles et de beaucoup d’autres, dans la persuasion où il était, que l’autorité est d’autant plus forte, plus stable, qu’elle s’appuie sur le bien-être individuel et général.

D’après la loi du 15 mars, le quart de subvention était maintenu et se percevait en nature, de même que le prix du fermage des propriétés rurales appartenant aux domaines[1]. Les droits d’importation, d’exportation, de pesage, etc., furent aussi maintenus comme sous l’Empire.

Tous les matins, l’intendant de chaque province fournissait au généralissime ou au surintendant des finances, un état journalier de la situation de la caisse publique, du mouvement de la douane, du magasin de l’Etat et de celui des domaines. C’était un moyen de tenir en haleine tous les fonctionnaires des finances ; et l’on conçoit d’ailleurs qu’avec un chef tel que Christophe, le conseil d’Etat n’avait pas besoin de lui adresser des messages, comme le sénat, par rapport aux dilapidations  : c’était chose inconnue dans l’Artibonite et le Nord ; ou, s’il s’en faisait, les fonctionnaires se conformaient au conseil donné par Des-

  1. Le 23 décembre 1807, un arrêté du généralissime régla la répartition du quart des produits altérant aux cultivateurs.