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ment pour l’attaquer ; mais c’est ce dont on s’occupa le moins. Les magasins de l’Etat étant remplis de coton et de cafés, les soldats furent plutôt employés à les porter à bord des bâtimens qu’à construire des fortifications. R. Sutherland payait largement ce travail, les chefs l’ordonnaient pour leur propre compte ; chacun, à leur exemple, officiers, soldats, matelots, tâchait de faire son lot. Des maisons avaient été abandonnées par des habitans qui s’enfuirent dans la campagne ; leurs objets mobiliers furent enlevés, de même que les denrées trouvées dans les magasins particuliers : ce fut un vrai pillage[1]. Ceux des habitans qui profitèrent de cette occasion pour passer au Port-au-Prince, enlevèrent aussi ce qu’ils avaient de plus précieux : la confusion n’en fut que plus grande.

Dans cette situation, le général Magny, ayant reçu des forces, vint attaquer la ville avec de l’artillerie : on lui riposta. Moins on s’était préparé à la défense, plus elle devint méritoire. Bazelais, Lamarre, Lacroix, étaient de vaillans officiers ; ils tracèrent l’exemple de leur courage à leurs subordonnés, mais enfin il fallut céder. Acculés au rivage, canonnés vigoureusement, ils s’embarquèrent en désordre ; et le 10 juin, la flotille partit pour retourner au Port-au-Prince.


En évacuant le fort du Boucassin, Pierre Toussaint s’était rendu aux Vérettes par la montagne, et de là à Saint-Marc.

Quand l’armée républicaine parvint près de cette place,

  1. Presque tous les meubles de Madame Dessalines furent portés au Port-au-Prince : Pétion ordonna qu’ils fussent placés dans la maison de l’Intendance. On les conserva longtemps, dans l’espoir que cette respectable femme eût pu en jouir.