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Cette maudite fièvre jaune portait l’agent de la France à délirer. Cependant, le président crut devoir prendre la défense des commerçans étrangers, par une réplique du 20 où il dit : « Je dois rendre au caractère connu des Étrangers domiciliés à Haïti, à leur conduite honorable dans toutes les circonstances et dans leurs relations commerciales, le tribut d’éloges qui leur est dû… »

Enfin, la réunion de tous les généraux ayant eu lieu au palais de la présidence, avec les sénateurs et tous les fonctionnaires civils et militaires du Port-au-Prince, le Président d’Haïti leur communiqua toutes ses lettres et celles de D. Lavaysse, en les appelant à délibérer avec lui sur les propositions de cet agent, faites évidemment au nom du gouvernement français. Chacun put émettre librement son opinion à ce sujet, puisqu’il s’agissait de l’existence politique de la nation.

Après une longue délibération, on fut unanime sur les résolutions qu’on trouve dans la note de Pétion, en date du 27 novembre :

« Les généraux et les magistrats de la République d’Haïti, convoqués en assemblée… convaincus qu’ils n’avaient d’autre parti à prendre, que celui qu’ils ont choisi et qui est justifié par toutes les circonstances qui l’ont provoqué, ils ne peuvent compromettre leur sécurité et leur existence par aucun changement d’état… Aussi, ce serait une gloire éternelle pour Sa Majesté Louis XVIII, tout en reconnaissant aux Haïtiens l’indépendance de leurs droits, de la concilier avec ce qu’Elle doit à une partie de ses sujets (les colons), et en faisant participer les autres aux ressources d’un commerce

    anglais qui se montraient, il est vrai, quelque peu jaloux d’un arrangement quelconque entre la France et Haïti, à cause de la concurrence qu’ils prévoyaient.