Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/103

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tions commerciales entre la France et Haïti, purement et simplement, c’est-à-dire sans avantages en faveur du commerce français. Cette dernière offre était ainsi conçue, à raison de ceux qui venaient d’être accordés au commerce de la Grande-Bretagne. Mais il était entendu, toutefois, que l’indemnité et le rétablissement des relations commerciales ne devaient être que la conséquence d’un traité par lequel la France reconnaîtrait l’indépendance et la souveraineté d’Haïti.

Le second point des propositions de Pétion à l’agent français n’a soulevé aucune observation parmi les Haïtiens. Mais l’indemnité offerte a été l’objet de bien des réclamations, — non pas à cette époque, mais longtemps après que l’orage qui grondait sur Haïti se fût dissipé. Examinons-les ; examinons aussi les motifs que Pétion et ses collaborateurs ont eus pour proposer l’indemnité.

On l’a considérée comme illégitime, — les colons, a-t-on dit, n’ayant aucun droit à être indemnisés de la perte de leurs propriétés confisquées par suite des représailles de 1804, de leur exclusion et de celle de tous les hommes de la race blanche de la société haïtienne. On a dit, pour appuyer cette opinion, que le régime colonial toujours si horrible, que la tentative faite en 1802 pour le rétablir et les crimes qui furent commis à cette époque, ayant contraint les Haïtiens à faire la conquête de leur pays au prix de leur sang, à se séparer de la France pour rester indèpendans d’elle et de toutes les puissances du monde, ils ne devaient rien donner, rien payer aux colons ou à leurs ayant-causes, pour les propriétés qui sont devenues le domaine national, non plus qu’à la France pour la reconnaissance de l’indépendance, parce qu’elle dérive du