autant de présomption de leur part, fondée sur le succès de notre lutte contre les Français, en 1802 et 1803 : il leur a semblé, parce que nous étions restés vainqueurs, que nous pouvions tenir envers la France le langage de la supériorité qui résulte de la puissance, au lieu de lui proposer une transaction équitable.
Mais le chef qui présidait aux destinées de la République devait envisager cette importante question sous son vrai jour, se garder de toute présomption comme de toute prévention, afin d’agir dans l’intérêt réel du peuple qui, en constituant sa nationalité, avait également en vue l’intérêt de toute la race noire.
Certes, parmi les Fondateurs de l’Indépendance, s’il y eut quelqu’un qui fût autorisé à résoudre cette question de la manière la plus conforme aux principes du droit international, c’était Pétion dont l’audacieuse initiative donna une impulsion régulière à la guerre entreprise pour parvenir à cette indépendance. N’admirez-vous pas cette belle action de Pétion qui, en levant l’étendard de l’insurrection au Haut-du-Cap, renvoie à Leclerc une centaine de canonniers français qu’il fait seulement désarmer ? Les lumières qui éclairaient son esprit, les sentimens qui animaient son cœur, lui firent comprendre que la confiscation de toutes propriétés est toujours un moyen violent, qui peut avoir sa raison d’être dans certaines circonstances exceptionnelles, comme dans celles où la nation haïtienne s’est trouvée placée en 1804, mais qui exige aussi une réparation lorsque des circonstances nouvelles la permettent.
Il n’avait qu’à lire l’histoire de la guerre de l’indépendance des États-Unis et le traité de paix par lequel la Grande-Bretagne reconnut cette indépendance, pour