Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/123

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Elle vous honore et donnera l’idée de votre sagesse, autant qu’elle fera craindre d’exciter votre ressentiment[1].

Haïtiens, vous avez fait ce que vous avez dû faire. Le droit des armes a mis le pays dans vos mains, il est votre propriété irrévocable, et vous êtes les maîtres de faire tel usage que vous voulez de ce qui vous appartient.

Les nations, par un accord mutuel entre elles et dont elles ne s’écartent jamais, respectent le droit des gens. Le caractère d’un Envoyé est toujours sacré, ses intentions fussent-elles des plus coupables. Le général Dauxion Lavaysse est parti, sa mission étant finie. Vous n’aurez pas à vous reprocher d’avoir manqué à ce que vous vous devez à vous-mêmes. Vous n’avez pas violé ce principe fondamental, qui établit parmi les gouvernemens ces communications nécessaires pour leurs relations politiques. Vous vous êtes rendus estimables à vos propres yeux, vous êtes dignes de l’être aux yeux des nations.

La victoire accompagne toujours une cause juste. C’est vous dire qu’elle vous est assurée, si l’on prétend vous troubler. Dans ce cas, vous me verrez toujours à votre tête, fier de vous y conduire ou de périr avec vous. Quel que soit le sort que le ciel nous destine, nous devons nous y préparer. C’est aux chefs dont l’autorité paternelle vous dirige dans les arrondissemens dont le commandement leur est confié, à établir des retraites assurées aux habitans dans l’intérieur de nos montagnes, à employer pour cela les ouvriers qui sont sous leurs

  1. D. Lavaysse a rapporté au ministre de la marine ces paroles de Pétion :

    « Quoique les colons aient été nos tyrans et ne respirent que vengeance, nous voulons être plus généreux que vos acquéreurs de biens nationaux, et nous consentirons à leur payer une indemnité pour leurs anciennes propriétés foncières… Des navires marchands sont les meilleurs négociateurs que vous puissiez nous envoyer. »