Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/144

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chefs d’Haïti, et qu’il était de son intérêt d’accepter comme une transaction raisonnable. Elle dut céder, enfin, parce que le règne des Cent-jours ; l’invasion de son territoire par toutes les armées de l’Europe ; l’occupation militaire qui s’ensuivit durant trois années ; les indemnités qu’elle dut payer aux diverses puissances ; les contributions de guerre qu’elles lui imposèrent concurremment ; le licenciement de son armée, dite de la Loire : tout lui faisait une obligation de renoncer à ses projets de restauration violente de son autorité dans son ancienne colonie.

2° Si Haïti a échappé au danger de cette invasion qui eût retardé ses progrès, refoulé ses mœurs vers la barbarie, elle le doit — aux sentimens humains des philanthropes anglais qui ont plaidé sa cause en plaidant celle de toute la race noire ; — au généreux concours qu’ils trouvèrent dans le gouvernement de leur pays, qui insista auprès des puissances européennes, de la France elle-même, pour faire abolir la traite ; — au retour inopiné de Napoléon de l’île d’Elbe, à la déclaration qu’il se hâta de faire contre ce trafic inhumain et qui obligea les Bourbons à subir cette nécessité.

Et peut-on ne pas découvrir une vue providentielle dans un résultat aussi heureux, aussi favorable au premier peuple de la race noire qui s’émancipa du régime colonial, du joug européen ? Le gouvernement britannique d’abord, Napoléon ensuite, avaient été les plus dangereux, les plus formidables ennemis de sa liberté ; et ce furent eux, en définitive, qui devinrent les moteurs de la consécration de son indépendance !


Il y avait à peine deux mois que l’agent du Roi de France avait quitté la capitale de la République, quand des agents