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Toutes ces pièces furent imprimées et distribuées d’un bout de la République à l’autre, et partout le président fut hautement approuvé.


Le moment arriva où le sénat devait exprimer cette approbation générale, par un acte interprétatif de la volonté nationale, et de la confiance de tous en leur premier magistrat. Le 9 mars, il se réunit à l’occasion de l’expiration des fonctions du Président d’Haïti, et il forma son bureau en élisant le sénateur Lys pour diriger ses travaux. Une haute convenance porta ce corps à placer ce membre distingué à sa tête, lorsqu’il avait à rappeler dans l’administration de Pétion, des faits aussi glorieux que patriotiques pendant la période écoulée de 1811 à 1815. Les sénateurs pensèrent qu’il fallait mettre en présence l’un de l’autre, ces deux anciens amis, ces deux illustrations du pays, pour mieux sceller leur réconciliation si profitable à la patrie, par les louanges que le sénat allait décerner au grand citoyen qui les mérita par sa conduite.

Cette fois, l’administrateur général des finances, Imbert, après avoir adressé au sénat un message, se rendit dans son sein pour l’informer qu’il était revêtu provisoirement du pouvoir exécutif, par le dépôt fait en ses mains des rênes du gouvernement par l’ex-président d’Haïti[1].

Aussitôt après qu’il se fut retiré, le sénat procéda au

    prévisions s’accomplirent en 1820, comme le retour de Napoléon de l’île d’Elbe justifia sa prédiction à D. Lavaysse.

  1. Cette démarche d’Imbert fournit aux secrétaires de Christophe une occasion de le plaisanter sur le rôle comique, disaient-ils, qu’il joua ce jour-là. Pétion était resté sans garde au palais de la présidence, tandis qu’Imbert en avait une très-forte en son hôtel, et des aides de camp pour recevoir et porter ses ordres. Les secrétaires de Sa Majesté Très-Barbare voulurent sans doute distraire leur maître de la confusion qu’il venait d’éprouver, au retour de ses députés.