Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/158

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à la coopération du sénat dans tous les actes de son administration libérale.

En apprenant la réélection de Pétion, Christophe rugit de rage. N’osant plus entreprendre une campagne contre la République, dans la crainte d’une défection totale de ses troupes ; honteux de l’insuccès de son ambassade, mais prétextant de la nécessité d’une prompte réunion de tous les républicains à son autorité, pour mieux résister aux Français, il se livra à une guerre de plume, dans l’espoir de détruire toute confiance en Pétion. À cet effet, il ordonna à Prévost et Vastey de faire chacun un écrit, — si toutefois le besoin de conserver leur pénible existence ne les porta pas eux-mêmes à devancer ses désirs. Prévost publia d’abord sa lettre à Pétion, précédée d’une préface intitulée : L’Olivier de la paix ; puis, une adresse aux citoyens de l’Ouest et du Sud où il commenta la réponse de Pétion et sa proclamation au retour des ambassadeurs du Nord, en l’accusant de nouveau de tramer avec les Français pour leur livrer le pays. Malgré ces absurdes accusations, le style de cet écrit était plus modéré que celui publié par Vastey, dont la perversité était proverbiale en Haïti, dans le Nord surtout ; il l’intitula : Le Cri de la Patrie, etc. Cette diatribe où il essaya tous les genres d’injures grossières contre Pétion, semblait être secrètement écrite à l’adresse de son Roi dont les crimes nombreux apparaissaient sous ce voile. Ce fut son début dans une foule d’autres publications qu’il fit dans les années suivantes. Christophe envoya jeter encore ces deux écrits à nos avant-postes.

Pour en finir avec lui et ses écrivains, tremblans de peur d’être égorgés. Pétion fit rédiger aussi un écrit